3. Concepts et principes de la gestion des risques climatiques

3.1. Le changement climatique dans les Caraïbes

Le changement climatique

L’augmentation de la consommation de combustibles fossiles et les changements d’affectation des sols émettent des quantités croissantes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre. Ces gaz à effet de serre comprennent le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le dioxyde d’azote (N2O). L’augmentation de ces gaz a entraîné une hausse de la quantité de chaleur solaire retenue dans l’atmosphère terrestre, chaleur qui devrait normalement être renvoyée dans l’espace. Cette augmentation de la chaleur a conduit à une augmentation de l’effet de serre naturel, entraînant un changement climatique.

Les principales caractéristiques du changement climatique sont l’augmentation de la température moyenne de la planète (réchauffement de la planète), la modification de la couverture nuageuse et des précipitations, en particulier sur les terres, la fonte des calottes glaciaires et des glaciers et la réduction de la couverture neigeuse, ainsi que l’augmentation de la température et de l’acidité des océans, due à l’absorption par l’eau de mer de la chaleur et du dioxyde de carbone présents dans l’atmosphère.

Source: CCCCC 2015

Les impacts du changement climatique dans les Caraïbes

Les effets du changement climatique sur les ressources en eau des Caraïbes devraient se traduire par une diminution des précipitations annuelles, une augmentation des inondations et des événements pluvieux extrêmes, une augmentation de la température de la surface de la mer, une acidification des océans, une élévation du niveau de la mer, ainsi qu’une intrusion et une inondation d’eau salée.

Des études indiquent que certaines régions des Caraïbes pourraient connaître des saisons sèches plus longues et des saisons humides plus courtes, mais plus humides, à l’avenir. Il y aura une diminution des précipitations estivales dans les Caraïbes à proximité des Grandes Antilles, avec des conditions plus humides possibles dans le nord des Caraïbes. La saison sèche sera plus sèche et plus longue, et les ouragans seront plus intenses. Ces changements dans le régime et l’intensité des précipitations auront également un impact sur l’agriculture. Les précipitations excessives, associées à de mauvaises pratiques de construction, à des routes non pavées et à des pentes abruptes, qui sont typiques des îles des Caraïbes, peuvent exacerber les taux d’érosion et réduire la capacité des réservoirs, la qualité de l’eau et la qualité des habitats littoraux.

L’élévation du niveau de la mer est un autre facteur de stress lié au climat dans les Caraïbes. Le taux d’élévation du niveau de la mer dans la région devrait suivre ou dépasser les projections mondiales. L’étendue des mangroves côtières pourrait être réduite, ce qui diminuerait la protection naturelle qu’elles offrent contre l’action des vagues et des ondes de tempête et limiterait leur rôle d’habitat pour la faune. Par exemple, des études ont prévu que 3 % des forêts de mangroves de Cuba pourraient disparaître avec une augmentation d’un mètre du niveau de la mer. Pour la même élévation du niveau de la mer, on prévoit un effondrement complet de la zone humide de mangrove de Port en Jamaïque, car ce système a montré une faible capacité de migration au cours des 300 dernières années (CCNUCC, 2007).

Les littoraux souffriront presque certainement d’une érosion côtière accélérée ainsi que de l’inondation d’établissements humains et de terres arables. Par exemple, à Grenade, une élévation de 50 cm du niveau de la mer pourrait entraîner la disparition de 60 % des plages dans certaines zones (CCNUCC, 2007).

Les systèmes écologiques marins fournissent des services essentiels tels que la pêche et la protection des côtes. Ces systèmes sont menacés par les changements de température à la surface des océans, l’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer et les modifications de la fréquence et de l’intensité des tempêtes. La dégradation des coraux et d’autres habitats marins peut affecter la répartition des poissons et d’autres espèces. Avec les niveaux élevés actuels d’émissions de gaz à effet de serre, le blanchiment massif des coraux dans les Caraïbes pourrait se produire au moins deux fois par an au cours de la prochaine décennie (USGCRP, 2018).

Le changement climatique est également susceptible d’avoir d’autres effets négatifs sur le tourisme dans la région. La fréquence et la gravité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes, l’élévation du niveau de la mer et l’accélération de l’érosion des plages, la dégradation des récifs coralliens (y compris le blanchiment) et la perte du patrimoine culturel sur les côtes en raison des inondations, risquent de réduire l’attrait des petits États insulaires en développement (PEID) pour les touristes. Par exemple, à la Barbade, 70 % des hôtels sont situés dans les zones d’inondation d’une probabilité de 1/500 ans et de 1/100 ans, ce qui les expose à des dommages structurels importants (CCNUCC, 2007).

Remarque : voir la section Ressources pour une vidéo soulignant l’impact du changement climatique sur le tourisme dans les Caraïbes

Ces impacts climatiques risquent de perturber des services écosystémiques précieux, ce qui affectera sérieusement l’économie de nombreuses petites îles. Les impacts au niveau communautaire, outre les effets économiques, impliquent de reconnaître que les hommes et les femmes subissent les effets du changement climatique de manière différente.

Source: Caribbean Green Technology Center

Vidéo : 5 choses à savoir sur le changement climatique dans les Caraïbes (4 min 15)

Regardez la vidéo du Caribbean Community Climate Change Center sur les 5 choses à savoir sur le changement climatique dans les Caraïbes.

Résilience, risque et adaptation

Résilience climatique. La capacité d’un système social ou écologique à résister, à absorber, à s’adapter et à se rétablir des effets d’un danger (climatique) de manière opportune et efficace tout en conservant la même structure de base et les mêmes modes de fonctionnement (GWP-C et CCCCC 2014).

Gestion des risques climatiques. Le risque climatique peut être défini simplement comme la probabilité qu’un événement climatique donné se produise et les conséquences défavorables qui en découlent. Cependant, le GIEC (2012) donne la définition suivante : la probabilité que des impacts défavorables se produisent à la suite d’événements climatiques graves interagissant avec des conditions environnementales, sociales, économiques, politiques ou culturelles vulnérables. Le processus d’application de ces informations sur les risques à la prise de décision, y compris l’identification, l’évaluation et la hiérarchisation des risques, suivi de l’application de ressources pour réduire, surveiller et contrôler la probabilité et/ou l’impact des effets néfastes, est connu sous le nom de gestion des risques climatiques (GRC).

Adaptation au changement climatique. L’adaptation est un processus par lequel les sociétés se rendent plus aptes à faire face à un avenir incertain. L’adaptation au changement climatique consiste à prendre les bonnes mesures pour réduire les effets négatifs du changement climatique (ou exploiter les effets positifs) en procédant aux ajustements et aux changements appropriés.